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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/164

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et le mort, de ma propre main[1]. » Furieux, je l’accablai aussitôt de toutes les injures, sans lui en épargner une, s’il persistait à me prendre des armes qui étaient à moi. Poussé à bout, bien que modéré par nature, il répondit ainsi aux paroles qui l’avaient blessé : « Tu n’étais pas où j’étais ; tu étais où tu ne devais pas être, et ces armes, puisque tu parles avec tant d’insolence, jamais tu ne les emporteras à Scyros avec toi. » Ainsi injurié, ainsi insulté, je retourne chez moi, dépouillé de ce qui m’appartenait par Ulysse, le plus criminel des hommes et bien digne de son père. Pourtant, je l’accuse moins que ceux qui commandent. Une cité, et de même une armée, dépend tout entière de ses chefs ; ceux qui troublent l’ordre ne deviennent mauvais que par les discours de ceux qui les instruisent. J’ai dit tout ce que j’avais à dire. Puisse celui qui exècre les Atrides être l’ami des dieux autant qu’il l’est de moi-même !

Ferme et bien marqué.

Le Chœur.Déesse des montagnes, nourricière de tous les êtres, Terre, mère de Zeus lui-même, toi qui règnes sur le grand Pactole, riche en or, je t’ai déjà invoquée là-bas, à Troie, mère vénérable, quand les Atrides firent à ce jeune homme la plus grave injure, en livrant les armes de son père à Ulysse, et ce fut, bienheureuse déesse qui t’assieds sur les lions tueurs de taureaux, un suprême honneur pour le fils de Laërte.

Philoctète. — La preuve que vous m’apportez de votre ressentiment, en faisant voile ici, me paraît authentique, étrangers, et vous êtes d’accord avec moi pour reconnaître en tous ces actes la main des Atrides et d’Ulysse. Il a toujours à la bouche, je lésais, le mensonge et la fourberie,

  1. Il exagère : Ulysse en cette occasion n’était pas seul. Dans l’Αἰθιοπίς il était raconté (Cf. Cycli fragm. p. 583 a, Didot) qu’autour du cadavre d’Achille un combat violent s’était livré, qu’Ajax avait relevé ce cadavre et l’avait ramené au camp, tandis qu’Ulysse conte-