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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/176

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patron, avec un faible équipage, d’Ilion vers mon pays, la fertile Péparèthe, quand j’ai appris que ces marins naviguaient tous avec toi. Je n’ai pas cru devoir, sans mot dire, continuer mon voyage, avant de t’avoir parlé contre équitable récompense. Sans doute, tu ne connais rien de ce qui te concerne, les nouveaux desseins qu’ont formés sur ton compte les Atrides, et ce ne sont pas seulement des desseins, mais des actes qui ont été mis en voie d’exécution, sans différer.

Néoptolème. — Ma reconnaissance pour ton zèle, étranger, si je ne suis pas un ingrat, te restera acquise. Explique ce que lu as annoncé, que je sache quel est contre moi le nouveau dessein des Argiens que tu as appris.

Le Marchand. — Ils sont partis à ta poursuite avec une flotte : il s’agit du vieux Phœnix et des fils de Thésée[1].

Néoptolème. — Est-ce par la force qu’ils ont l’idée de me ramener à Troie, ou par la persuasion ?

Le Marchand. — Je l’ignore : ce que j’ai entendu, je te le rapporte.

Néoptolème. — Est-ce que Phœnix et ses compagnons agissent ainsi avec tant de zèle pour faire plaisir aux Atrides ?

Le Marchand. — Sache que leur projet est en train d’être réalisé, sans retard.

Néoptolème. — Comment Ulysse pour cet objet n’était-il pas prêt à s’embarquer et à porter le message lui-même ? Etait-il retenu par quelque crainte ?

Le Marchand. — Il se préparait à partir pour aller, avec le fils de Tydée, chercher un autre guerrier, quand je levai l’ancre.

Néoptolème. — Vers qui serait-il allé en personne, Ulysse ?

Le Marchand. — C’était… Mais cet homme, d’abord, dis-moi qui c’est ? Réponds à voix basse.

  1. Phœnix, adjoint à Ulysse, avait été chercher Néoptolème à Scyros. Cf. 344. Dans sa nouvelle mission, Sophocle, pour faire plaisir