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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/184

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Philoctète. — Oui, je n’en ai pas d’autre, c’est celui que je tiens dans les mains.

Néoptolème. — M’est-il permis de le contempler de près, de le prendre, de l’adorer comme un dieu ?

Philoctète. — A toi, oui, mon enfant, et il en sera de même de tout ce que je possède, qui peut t’être utile.

Néoptolème. — Assurément, je le désire, mais voici comment : si mon désir est légitime, je voudrais qu’il fût satisfait ; sinon, n’y fais pas attention.

Philoctète. — Religieuses paroles, désir légitime, puisqu’à toi seul je dois de regarder cette lumière du soleil, de voir bientôt la terre de l’Œta et mon vieux père et mes amis, et quand j’étais au pouvoir de mes ennemis, c’est toi qui m’as élevé au-dessus d’eux. N’aie pas de crainte : il te sera loisible de toucher cet arc, de le prendre, de me le rendre et de te vanter seul de tous les mortels, à cause de ta vertu, de l’avoir eu entre les mains. C’est aussi en récompense d’un bienfait qu’on me l’a donné.

Néoptolème. — Je suis heureux qu’aussitôt après t’avoir vu j’aie gagné ton amitié. Quiconque, en échange d’un bienfait, sait en accorder un autre devient un ami plus précieux que tous les trésors. Entre, je te prie.

Philoctète. — Oui, et je te conduirai : mon mal a besoin de ton assistance.

Ils entrent dans la caverne.
Soutenu.

Le Chœur.J’ai entendu raconter, je n’ai pas vu de mes yeux comment Ixion, pour s’être approché jadis de la couche de Zeus, fut jeté sur une roue qui ne s’arrêtait jamais, par le tout-puissant fils de Cronos, mais je ne connais pas, pour en avoir entendu parler, pour l’avoir jamais aperçu,


    des Grecs qui de Troie sont envoyés à sa poursuite, sont obligés de s’arrêter.