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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/220

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être odieux, exécrable, qui fait naître de ses infamies mille maux, tels que personne n’en a imaginés contre nous.

Très ferme.

Le Chœur.Le devoir de l’homme est de dire à propos ce qui est juste et, quand il l’a dit, de ne pas lancer de sa bouche des paroles amères qui font souffrir[1]. Ulysse, choisi entre tous, a sur l’ordre des Grecs accompli un acte qui doit être utile en commun à ses amis.

Passionné.

Philoctète.Oiseaux qui étiez ma proie, hordes des bêtes sauvages aux yeux brillants qui vivez dans les montagnes de cette île, ce n’est plus pour vous sauver loin de ma grotte que vous vous approcherez de moi : je n’ai plus dans les mains mes flèches qui faisaient ma force, malheureux que Je suis maintenant ; ce lieu vous est ouvert, il n’est plus défendu contre vous et vous n’avez plus à le craindre. Accourez : voici le moment, pour vous venger, de vous rassasier à cœur joie de ma chair livide. Je vais bientôt quitter la vie. D’où tirerai-je ma subsistance ? Qui peut vivre ainsi de l’air du jour, quand on n’a plus à sa disposition rien de ce que fait naître la terre nourricière ?

Très ferme.

Le Chœur.Au nom des dieux, si tu as quelques égards pour l’hôte qui est venu à toi avec toute bienveillance, viens


    même du Mosychlos (986 sq.) Son exaltation passionnée anime tout ce qui l’entoure. Cf. Œd. R. p. 192, note.

  1. Le passage a été discuté. Entendez : Ulysse, qui veut t’emmener à Troie, veut ainsi le salut de tous. (Cf. 109.) C’est donc pour moi le moment de te conseiller de faire une action juste, puisqu’elle est profitable à chacun des Grecs, sans ajouter à ce conseil aucune parole qui puisse te blesser.