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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/224

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Le Chœur.Pourquoi faire ? Et devons-nous nous attendre à autre chose que ce que tu nous as déclaré précédemment ?

Philoctète.Ne vous irritez pas si affolé par ma sombre douleur je vais jusqu’à déraisonner.

Rapide, sans un arrêt.

Le Chœur.Viens donc, infortuné, comme nous te le conseillons.

Philoctète.Jamais, jamais, sache-le, ma résolution est inébranlable, même si le dieu qui lance les éclairs de flamme vient me brûler avec les éclats de son tonnerre. Périsse Ilion, périssent ceux qui l’assiègent, puisqu’ils ont eu la cruauté de mi abandonner à cause de ma blessure ! Mais vous, étrangers, exaucez mon unique prière.

Le Chœur.Que veux-tu dire ?

Philoctète.Un glaive, si vous en avez un, une hache, une arme quelconque, passez-la-moi.

Le Chœur.Quel acte de violence prétends-tu donc accomplir ?

Philoctète.Me couper moi-même du tronc la tête et les vertèbres. La mort, la mort, voilà ce que je veux.

Le Chœur.Pourquoi donc ?

Philoctète.Pour retrouver mon père.

Le Chœur.En quels lieux ?

Philoctète.Dans l’Hadès, car il n’est plus dans la lumière. O cité, cité paternelle, comment pourrais-je te revoir au milieu de mes maux, moi qui quittai la source sacrée de ton fleuve, pour porter secours aux Grecs, que j’exècre ? Et maintenant je me meurs.

Il rentre dans sa caverne.