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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/240

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Néoptolème. — Que faut-il donc que je fasse, si mes paroles n’ont aucun effet sur toi ? Le plus simple, c’est que je n’ajoute plus un mot et que tu vives, comme tu l’as fait jusqu’ici, sans guérir.

Philoctète. — Laisse-moi souffrir ce qu’il faut que je souffre, mais la promesse que tu m’as faite, en me prenant la main droite, de me ramener dans mon pays, accomplis-la, mon fils, sans tarder et ne me parle plus de Troie : elle m’a assez coûté de larmes.

Néoptolème. — Si tu le veux, partons.

Philoctète. — Quelle généreuse parole tu prononces !

Néoptolème. — Appuie-toi sur moi pour marcher.

Philoctète. — Autant que j’ai de force.

Néoptolème. — Mais comment échapperai-je aux accusations des Achéens ?

Philoctète. — Ne t’en inquiète pas.

Néoptolème. — Pourtant, s’ils ravagent mon pays ?

Philoctète. — Moi présent…

Néoptolème. — Quelle aide me prêteras-tu ?

Philoctète. — Avec les flèches d’Héraclès…

Néoptolème. — Eh bien ?

Philoctète. — Je les empêcherai d’approcher.

Néoptolème. — Viens et dis adieu à cette terre.

A ce moment apparaît Héraclès sur le θεολογεῖον[1].
Mélodrame.

Héraclès. — Auparavant écoute ce que je vais te dire, fils de Pœas. Sache que c’est Héraclès que tu entends, et

  1. Le θεολογεῖον, dont l’emploi a déjà été mentionné au début de l’Ajax, était une machine de théâtre, sorte de balcon sur lequel apparaissaient les divinités. Les spectateurs voyaient ainsi ces divinités non pas sur la terre, mais en l’air (ἐν ὓψει, Pollux) où est leur séjour. Le θεολογεῖον était analogue à l’ἐκκύκλημα, l’un était réservé aux dieux, l’autre aux personnages ordinaires.