Aller au contenu

Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’Étranger. — Le roi qui réside dans la cité commande à ce pays.

Œdipe. — Et quel est ce roi, qui est le maître par la parole et par la force ?

L’Étranger. — Thésée est son nom ; il est fils d’Égée, qui le précéda.

Œdipe. — Quelqu’un d’entre vous irait-il vers lui de ma part ?

L’Étranger. — Dans quelle intention ? Pour lui porter un message ? Pour préparer sa venue ?

Œdipe. — Pour qu’un faible service de sa part lui soit d’un grand profit.

L’Étranger. — Et quel secours peut bien venir d’un homme qui n’y voit pas ?

Œdipe. — Toutes les paroles que nous pourrons dire seront clairvoyantes.

L’Étranger. — Sais-tu, étranger, ce qu’il faut faire pour éviter toute méprise ? A te voir, en effet, tu es de noble race, seulement tu es malheureux. Reste-là, à l’endroit où je t’ai trouvé, jusqu’à ce que j’aille dire ce que tu veux, non pas dans la ville, mais ici, aux gens de ce dème. Ils décideront si tu dois rester ou continuer ton chemin.

Il sort.

Œdipe. — Chère enfant, nous a-t-il quittés, l’Étranger ?

Antigone. — II est parti et tu peux dire tout ce que tu veux, père, sans aucune crainte, car je suis seule auprès de toi.

Œdipe.(Il se recueille, puis il élève la voix solennellement.) Déesses augustes, déesses aux yeux terribles, 85 puisque vous êtes les premières de cette terre sur le sol desquelles je me sois assis, envers Phoebos, envers moi-même ne soyez pas impitoyables. Quand ce dieu me prédisait mes nombreux malheurs, il m’a dit qu’ils finiraient après un long temps, quand je serais enfin arrivé en un pays où des divinités vénérables m’accorderaient une place