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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/274

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pour m’asseoir, un lieu pour y être accueilli ; c’est là, a-t-il dit, que je finirais ma vie misérable, source de prospérité pour ceux qui m’auront reçu, de malédiction pour ceux qui m’ont chassé, exilé. Et il me promettait qu’il se produirait des signes de ces choses, ou un tremblement du sol, ou un 95 coup de tonnerre ou un éclair de Zeus. Je reconnais donc que cette route-ci, il est impossible que je l’aie faite sans quelque fidèle impulsion de votre part vers ce bois sacré. Jamais autrement je ne vous aurais d’abord rencontrées sur mon chemin, vous à qui l’on n’offre pas de vin, moi qui n’en ai pas à vous offrir ; jamais je ne me serais assis sur les aspérités de ce roc sacré. Allons, déesses, selon les oracles d’Apollon, accordez-moi vite la fin, le dénouement de ma vie, si je ne vous en semble pas indigne, après avoir été toujours asservi aux plus accablantes épreuves des mortels. Venez, douces filles de l’antique Érèbe, viens aussi toi à qui la toute-puissante Pallas a donné son nom, Athènes, la plus glorieuse de toutes les cités, ayez pitié d’Œdipe, de son ombre misérable, car ce corps flétri n’est plus le mien.

On voit arriver un à un des vieillards du pays qui regardent de tous les côtés, comme s’ils cherchaient quelqu’un.

Antigone. — Tais-toi ; voici des gens qui approchent ; ils sont vieux, âgés ; ils veulent découvrir l’endroit où tu es assis.

Œdipe. — Je vais me taire, et toi, hors du chemin conduis-moi, cache-moi dans le bois sacré, jusqu’à ce que j’aie appris ce qu’ils vont dire : savoir est nécessaire pour agir avec circonspection.

Œdipe, guidé par sa fille, disparaît dans l’épaisseur du bois des Euménides.
Pressé, vif, inquiet.

Un Choreute.Regarde : Qui donc était ce ? Où se