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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/326

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Œdipe.(Aux Coloniates.) Chers vieillards, c’est en vous maintenant que je mets mon suprême espoir de salut.

Le Coryphée. — Aie confiance, il ne te trahira pas : si je suis vieux, la force de ce pays n’a pas vieilli.

Entre Créon.

Créon. — Généreux habitants de cette contrée, je vois à l’instant que mon arrivée fait naître en vous une appréhension, que trahissent vos regards. N’ayez aucune crainte, ne prononcez pas de paroles défavorables. Je ne viens pas en projetant quelque coup de force : je suis vieux[1] et je sais qu’Athènes où me voici est une cité puissante, s’il y en eut jamais une dans l’Hellade. Cependant j’ai été envoyé pour persuader à cet homme, à l’âge où il est arrivé, de me suivre dans la contrée des Cadméens ; ce n’est pas un seul citoyen qui m’a envoyé, tous m’en ont donné l’ordre, parce qu’à cause de ma parenté avec lui c’était à moi surtout dans la cité qu’il convenait de déplorer ses maux. Allons, infortuné Œdipe, écoute-moi, reviens dans ta patrie. Tout le peuple des Cadméens t’appelle justement, moi, à leur tête, d’autant plus qu’à moins d’être le plus insensible des hommes, je souffre de tes maux, vieillard. Je te vois, malheureux sur une terre étrangère, toujours errant, appuyé sur une compagne unique, traîner une vie misérable. Jamais je n’aurais cru, hélas ! que ta fille tomberait dans le degré de dénûment


    stèles est d’une sécheresse désespérante. Le rocher n’est pas blanc d’ailleurs : il est gris fauve, bleuté et rosé par endroits ; mais sous le soleil de midi toutes les nuances disparaissent dans un blanc éclatant. Un peu au delà s’étend le faubourg moderne de Kolokythou, sur les bords du Céphise : ce sont des potagers, des vergers, des guinguettes fleuries. De grands peupliers étalent leurs branches touffues sur le lit desséché du ruisseau : les eaux en sont détournées entièrement pour l’irrigation. Plus loin il reste un grand bois d’oliviers ; le terrain de l’Académie et toute la région comprise entre Colone et la voie sacrée d’Éleusis sont couverts aujourd’hui encore d’oliveraies et de jardins. Les rossignols y abondent en effet : j’en ai entendu en pleine matinée. » Note rédigée au printemps de 1923, par A. Laumonier, élève de notre École d’Athènes.

  1. Cf. Notice, p. 147, note 1.