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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/370

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père[1]. Je vais maintenant te dire, père, la raison de ma venue ici. Je suis banni de la terre paternelle, pour avoir voulu, par droit d’aînesse, m’asseoir sur ton trône tout-puissant. Aussi Étéocle, bien qu’il fût plus jeune que moi, m’a chassé du pays, sans m’avoir vaincu par son éloquence, sans avoir rivalisé avec moi par sa force ni par ses actes : il a séduit la cité. J’en accuse avant tout ta Malédiction[2], et d’ailleurs j’entends les devins me dire qu’il en est bien ainsi. Quand j’arrivai, en effet, à Argos, la cité dorienne, j’épousai la fille d’Adraste, je gagnai à ma cause tous ceux qui sont réputés les premiers de la terre d’Apis et qui sont honorés pour leur vaillance. J’avais résolu avec leur aide de rassembler contre Thèbes l’expédition des Sept chefs et de mourir pour ma juste cause ou de chasser du pays les auteurs de mes maux. Voilà les choses, mais maintenant, pourquoi suis-je ici ? J’ai à l’adresser, mon père, de suppliantes prières pour mes alliés et pour moi-même. Aujourd’hui, avec sept corps de troupes, avec les sept lances de ceux qui les commandent, ils encerclent la plaine entière de Thèbes : c’est d’abord le belliqueux Amphiaraos, aussi excellent dans la lutte que dans l’art d’interpréter le vol des oiseaux ; le second est l’Étolien Tydée, fils d’Œnée ; le troisième, Étéoclos d’Argos ; le quatrième, Hippomédon qu’a envoyé son père Talaos ; le cinquième, Capanée se promet de détruire et d’anéantir par le feu la ville de Thèbes ; le sixième, Parthénopaeos,


    nice se tourne alors vers ses sœurs. Il faut donc supposer un assez long silence de l’acteur, après le v. 1270.

  1. Il se met d’abord sous la protection de Poséidon, à l’autel duquel il s’était réfugié, puis sous celle de Thésée, qui lui a fait quitter cet autel. Ses premières paroles rappellent à notre esprit l’exorde célèbre : Πρῶτον μὲν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοῖς θεοῖς εὔχομαι πᾶσι καὶ πάσαις
  2. D’autres comprennent : la Malédiction qui pèse sur ta race. Si l’on adoptait ce sens à quoi servirait-il à Polynice de supplier son père ? La faute remontant à Laïos, Œdipe, qui en a subi les conséquences (cf. v. 964 sq.) ne peut pas en préserver ses fils : il aurait commencé par s’en préserver lui-même. Il s’agit plutôt des Malédictions que le père a prononcées contre Étéocle et Polynice, quand il