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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/38

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l’archer Apollon ; en même temps, vierges, entonnez le péan, célébrez la sœur du dieu, Artémis de Délos[1] qui tue les cerfs, qui porte une double torche ; chantez aussi les nymphes, ses voisines. Je ne me contiens plus et je suivrai ton chant[2], flûte, reine de mon esprit. Voici que les couronnes de lierre m’excitent à la danse, évohé ! évohé ! en ramenant le transport bachique. Io, Io, Péan ! — Vois, vois, chère maîtresse, ce cortège qui se dirige vers toi ; il est déjà tout proche.

Parlé.

Déjanire. — Je l’aperçois, chères amies, il n’a pas échappé à mon attention, je le vois qui s’avance. — (Entre Lichas, suivi de captives.) Salut à toi, héraut qui n’apparais qu’après un temps si long, si tu apportes quelque nouvelle salutaire.

Lichas. — Mais notre retour est heureux, et cet accueil favorable, femme, sied aux succès que nous avons acquis : il convient, en effet, que le vainqueur ait le profit d’un bienveillant salut.

Déjanire. — O le plus cher des hommes, d’abord, ce que d’abord je veux savoir, dis-le-moi : reverrai-je ici Héraclès en vie ?

Lichas. — Pour moi, je t’ai laissé plein de force, de vie, brillant de santé, sans aucun mal.


    faire paître les troupeaux, de semer, de ramasser du bois. Cf. CIG, II, 2561 b, p. 1100-4.

  1. L’épithète Όρυγίαν que le poète donne à Artémis est embarrassante. Puisque le chœur invoque les deux divinités nées de Latone, Artémis et Apollon, et puisque dans l'Odyssée V, 123, Ortygie est le nom ancien de Délos, j’ai suivi le sens qui m’a paru le plus acceptable. D’autres plaçaient Ortygie en Sicile, d’autres en Étolie, d’autres ailleurs. Il est vrai qu’au v. 687 de cette pièce Artémis est la déesse qui est adorée sur le rivage du golfe maliaque, mais on ne voit pas comment on pourrait y placer Ortygie.
  2. Ce chant du chœur est un hyporchème. Le scholiaste nous en avertit : τό γἁρ μελιδάριον ούκ ἔστι στάσιμον, άλλ᾽ ὑπὁ τἢς ἠδονᾓς όρχοῦνται. D’ailleurs un stasimon n’est jamais formé d’une strophe isolée à laquelle rien ne répond. Cf. vol. I, p. 87, note.