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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/446

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qu’il soit, qui a imaginé cette invention, lui seul, et pas un autre, est le voleur des génisses, femme, sois-en certaine[1]. Mais ne t’irrite pas contre moi de ce que je te dis là ; ne te fâche pas.

Cyllène. — En voilà une idée insensée ! Quel vol lui reproches-tu ?

Le Coryphée. — Par Zeus, vénérable déesse, je ne veux pas te bouleverser.

Cyllène. — Le fils de Zeus, tu l’appelles un voleur ?

(Suivent huit vers dont le premier hémistiche est perdu[2]. Le chœur persiste dans son accusation et il est sûr, malgré les dénégations de Cyllène, qu’il dit la vérité : la peau dont Hermès a fabriqué sa lyre n’a pu lui être fournie que par les génisses d’Apollon.)

(Lacune de deux ou trois vers.)

Cyllène. — (Trois vers mutilés où la nymphe, semble-t-il, feint de croire à une plaisanterie des malicieux satyres.) Désormais à mon égard agis tout à ton aise, si cela te fait plaisir ou si tu crois en tirer profit, ris aux éclats comme il te plaît, amuse-toi, mais celui qui est fils de Zeus ne va pas ouvertement lui faire du tort, en inventant contre un nouveau-né un nouveau dire. Car lui, par son père, il n’a rien d’un voleur et ce n’est pas non plus parmi ses aïeux


    est très irrégulière, puisque dans les douze premiers tétramètres (291 sqq.) dont le texte est bien conservé, elle ne s’y rencontre que sept fois, tandis que dans les quatre derniers (317 sqq.) elle n’y est pas une seule.

  1. Est-ce l’émotion provoquée par les sons de la lyre qui fait prononcer au chœur une phrase qui, dans le texte, est si mal équilibrée ? (Cf. Notice, p. 231, note 2.) En tout cas, cette émotion n’a pu être imaginée que par un musicien, comme Sophocle. Elle est infiniment plus vraie, comme le dit Allègre, que le ϰαλὸν ἄειδεν, cette formule banale de l’Hymne, v. 54.
  2. Ce qui n’empêche pas de constater qu’au vers 333 la loi de Porson est certainement violée. Il en est de même dans le Cyclope v. 120, 210, 681 et surtout 682 dont la fin est identique. (Cf. O. C. 664.) Si donc cette loi n’est pas applicable, comme on le sait, à la comédie, le drame satyrique la négligeait aussi.