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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/58

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Le Coryphée. — Obéis : elle te donne d’excellents conseils. Tu n’auras jamais à la blâmer et tu acquerras ma reconnaissance.

Lichas. — Eh bien, chère maîtresse, puisque je comprends que, mortelle, tu as des sentiments de mortelle et que tu entends raison, je te dirai toute la vérité, sans rien cacher. Tout est bien comme le dit cet homme. Un violent désir de cette femme s’est emparé un jour d’Héraclès, et à cause d’elle la guerre a détruit la malheureuse Œchalie, sa patrie. Et tout cela, car il faut bien dire aussi ce qui est en sa faveur, il ne m’a pas enjoint de le cacher, il ne l’a jamais nié ; c’est de mon propre mouvement, maîtresse, de crainte de te blesser le cœur par un semblable récit, que j’ai commis cette faute, si c’en est une à tes yeux. Mais puisque tu sais tout, pour faire plaisir à ton époux aussi bien que dans ton propre intérêt, sois indulgente pour cette femme : fais en sorte que ce que tu as dit à son sujet soit parole immuable, car Héraclès dont la force est victorieuse partout ailleurs, est complètement subjugué par l’amour qu’il a pour elle.

Déjanire. — C’est bien ainsi que je pense, et j’agirai comme tu le dis. Je ne vais pas encourir un malheur volontaire, en combattant vainement contre les dieux. Rentrons dans le palais, pour que tu puisses recevoir mes messages et, comme aux présents doivent répondre convenablement les présents, pour que tu puisses aussi prendre les miens. Il ne serait pas décent que, venu ainsi avec un nombreux cortège, tu t’en retournasses les mains vides.

Déjanire sort avec Lichas et le Messager.
Très large.

Le Chœur.Immense est la force que Cypris manifeste


    sur Héraclès, Apollodore F. H. G. I, p. 147 sq. a dressé une liste des enfants qui lui étaient attribués : on ne peut le nier, elle donne, même très écourtée, entièrement raison à Déjanire.