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Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/84

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disait qu’après le nombre de mois révolu, quand se terminerait la douzième année, elle mettrait un terme aux travaux du noble fils de Zeus. Et cette promesse, au moment fixé, immuablement, marche vers son accomplissement. Comment, en effet, celui qui ne voit plus la lumière pourrait-il encore supporter dans la mort une pénible servitude[1]  ?

Si, au milieu d’une buée mortelle, le Centaure avec son piège infaillible lui perce les flancs, où s’est collé le venin qu’enfanta la mort et que nourrit le dragon aux changeants reflets, comment Héraclès pourrait-il voir un autre soleil après celui-ci, puisque le monstre effrayant, l’hydre s’est attachée à lui et qu’en même temps les meurtriers, les perfides aiguillons du Centaure à la noire crinière le torturent et le brûlent ?

Plus lent.

Tout cela, l’infortunée Déjanire, quand elle a vu un danger imminent menacer douloureusement son foyer, au moment où y accourait une nouvelle épouse, elle ne l’a pas compris, et ce

  1. L’oracle avait dit qu’après douze ans révolus l’époux de Déjanire trouverait enfin le repos ; cet oracle s’accomplit, mais d’une façon inattendue, comme le constate le chœur, qui ne croyait pas que pour Héraclès ce repos serait la mort. D’après Sophocle, v. 1-2, cet oracle avait été rendu à Dodone, d’après Apollodore II, 4, 12, à Delphes. Quand commencent les Trachiniennes on est arrivé au terme de ces douze ans. Quinze mois auparavant, et non douze, (cf. p. 40, note) Héraclès avait laissé à Déjanire une tablette sur laquelle était inscrit cet oracle. (Cf. v. 1167 sqq.) Il remontait donc, au moment de son départ à plus de dix années, et la tablette était déjà ancienne. (παλαιά 157.) Cette tablette contenait aussi différentes dispositions testamentaires qui ont été énumérées v. 161 sqq. — Il reste que le chœur parle ici, comme s’il lui était bien connu, d’un oracle qu’il a l’air d’ignorer au début de la pièce. (Cf. v. 155 sqq.) Ces menues incohérences sont fréquentes. On en a relevé dans cette pièce un autre exemple. Comment le coryphée, qui n’assistait pas au dialogue de Déjanire et de son fils, v. 61-91, qui n’a pas entendu le conseil qu’a donné la Nourrice à la reine, v. 49-60, peut-il savoir au vers 733, quand Hyllos rentre en scène, que le jeune homme était parti à la recherche de son père ?