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Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/137

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Vicence, vers la fin du XVIe siècle et imprimé à Venise en 1585[1]. Il n’est, à peu près comme le nôtre, qu’une

L’Œdipe-Roi, de Sophocle, a été traduit en vers allemands, souvent avec un bonheur et avec une fidélité rares, par Donner, qui a dû rencontrer beaucoup moins de difficultés que nous, car il écrivait dans la langue la plus réellement riche de l’Europe moderne et dans celle qui se rapproche le plus de l’antique idiome des Hellènes. De plus, il s’est épargné l’immense difficulté des rimes, dans un semblable travail : il a traduit en vers blancs.

Le même Œdipe a été traduit aussi du grec en vers hollandais, et cela assez heureusement aussi par le célèbre et fécond poète Bilderdyck.

C’est en 1779, que cet excellent littérateur batave publia sa belle traduction de l’Œdipe-Roi, de Sophocle, où la fidélité se joint à l’élégance et où le travail se fait si peu sentir, qu’on croit lire un ouvrage original. C’est l’Œdipe-Roi, si habilement interprété, qui a fondé la réputation de Bilderdyck, comme celle de Voltaire.

Nous nous bornerons, pour le présent, à citer les principales imitations faites en vers français.


IMITATIONS EXTRAITES DE L’ŒDIPE DE CORNEILLE.

ACTE I. — SCÈNE IV.

On t’a parlé du Sphinx, dont l’énigme funeste
Ouvrit plus de tombeaux que n’en ouvre la peste.
Ce monstre à voix humaine, aigle, femme et lion,
Se campait fièrement sur le mont Cithéron,
D’où chaque jour ici devait fondre sa rage,
À moins qu’on n’éclaircit un si sombre nuage.
Ne porter qu’un faux jour dans son obscurité,
C’était de ce prodige enfler la cruauté,
Et les membres épars des mauvais interprètes
Ne laissaient dans ces murs, que des bouches muettes ;
Mais comme aux grands périls le salaire enhardit,
Le peuple offre le sceptre, et la reine son lit,
De cent cruelles morts cette offre est tôt suivie,
J’arrive, je l’apprends, j’y hasarde ma vie.
Au pied du roc affreux, semé d’os blanchissants,
Je demande l’énigme et j’en cherche le sens ;
Et ce qu’aucun mortel n’avait encor pu faire,
J’en dévoile l’image, et perce le mystère.
Le monstre, furieux de se voir entendu,
Venge aussitôt sur lui tant de sang répandu,
Du roc se lance en bas, et s’écrase lui-même.

V. SÉNÈQUE I. Nec Sphinga cœcis verba nectentem modis. Fugi, etc.
SOPHOCLE I. ; σκληρᾶς ἀοιδοῦ δασμὸν, etc.
SCÈNE VI.
ŒDIPE, JOCASTE, DYMAS, CLÉANTE, NÉRINE.
ŒDIPE.
Hé bien, quand verrons-nous finir notre infortune ?

Qu’apporterez-vous, Dymas ? Quelle réponse ?

  1. Nous en avons trouvé, par un hasard heureux de bibliophile, la meilleure édition, très-rare, celle de Venise 1746 in-8o minori ; Stamperia di Stefano Orlandini.