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Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/33

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Je compte, impatient, chaque heure, chaque jour ;
Il m’afflige beaucoup par son trop long séjour
Loin de nous qui brûlons de le voir reparaître.
L’inquiétude ici dans tous les cœurs va naître ;
Aussitôt que par lui l’oracle aura parlé,
Qu’Œdipe soit par vous de mépris accablé,
S’il n’accomplit du Dieu la volonté suprême !

LE GRAND PRÊTRE.
Vous parlez à propos, j’apprends à l’instant même

Le retour de Créon : il s’avance vers nous.

ŒDIPE.
O puissant Apollon ! que ce moment m’est doux,

Si Créon, en son cœur sans cacher de tristesse,
Ne fait voir sur ses traits qu’une vraie allégresse !

LE GRAND PRÊTRE.
Le laurier dont son front joyeux est entouré[1]

Annonce évidemment le succès désiré ;
Il permet d’espérer qu’enfin cette journée
Va du peuple et du roi changer la destinée.


Scène II.

CRÉON, LES MÊMES.
ŒDIPE.
Oui, je vois arriver Créon de ce côté,

Et d’Apollon bientôt la sainte volonté
De nous sera connue. — O cher prince, ô mon frère !
L’oracle est-il heureux, ou nous est-il contraire ?

CRÉON.
Œdipe, il est heureux, rassurez-vous, seigneur,

Ce qu’il a de fâcheux fera notre bonheur,

  1. La couronne de laurier qu’on portait en revenant de Delphes marquait
    donc que l’on y avait reçu une réponse favorable.