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Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/48

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ŒDIPE.
Qui d’un si noir forfait ose souiller son cœur,

Des imprécations pourrait-il avoir peur ?

LE CHŒUR.
Mais je vois s’avancer ce devin vénérable,

Seul mortel qui du vrai soit l’organe honorable.


Scène II.

LES MÊMES ; TIRÉSIAS.
ŒDIPE.
O toi qui soumets tout à ton sublime esprit,

O toi qui dans le cœur as chaque fait écrit,
Toi qui sais ce qu’enferme et le ciel et la terre,
Quoique tes yeux se soient fermés à la lumière,
Tu connais comme nous le mal contagieux
Qui dévore la ville. Interprète des Dieux,
Les Thébains ont recours à ton art salutaire,
Qui seul peut écarter la peste meurtrière.
Afin d’arracher Thèbe à ses affreux destins
Il nous faut de Laïus trouver les assassins.
Apollon veut venger la royale victime :
La mort seule ou l’exil peut expier le crime ;
Daigne donc, en ce jour, pour sauver les Thébains,
Recourir sans retard aux mystères divins ;
Délivre la cité de son malheur extrême,
Sauve-la des fléaux, et son prince et toi-même.
Sage devin, en toi repose notre espoir ;
Peut-il être un plus grand, un plus noble devoir,
Que celui d’employer ton talent secourable,
À soustraire la ville à son sort déplorable ?

TIRÉSIAS.

Hélas ! pour un mortel c’est un bien triste honneur,
De savoir ce qui doit l’écarter du bonheur !