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Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/57

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Parmi les citoyens de Thèbe ici respire.
Des plus affreux destins le sien sera le pire,
Dès que dans cette ville on saura qu’il est né ;
Aux plus fameux revers cet homme est condamné.
Ses trésors, ses grandeurs, sa fortune brillante
Disparaîtront, laissant la misère accablante ;
Aveugle et malheureux, un bâton à la main,
Implorant la pitié de l’étranger humain,
Un jour il se verra de ses enfants le frère,
Et le fils et l’époux monstrueux de sa mère...,
Inceste et parricide... horreur ! horreur ! horreur !...
Éclaircis bien ces mots ; si je suis imposteur,
Je consens d’être aux yeux de ma ville natale
Prophète convaincu d’ignorance fatale.

INTERMÈDE ou CHŒUR DU IIe ACTE.

Du divin Apollon dans l’antre vénérable
Ah ! quel mortel fut déclaré coupable[1] ?
Quel est cet infâme assassin ?
Du sang des rois il a souillé sa main :
Il doit s’enfuir d’un pas rapide,
S’il désire éviter
Le sort le plus à redouter,
L’horrible mort du parricide !
Armé de feux, d’éclairs,
Le fils du roi des airs
Menace le coupable ;
La Parque inévitable
Va suivre en chaque lieu
Les pas de ce Dieu.

  1. On voit par ce chant du chœur que les paroles de Tirésias n’ont point assez ébranlé le peuple, pour que ses soupçons s’arrêtent encore sur Œdipe.