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Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/85

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SOMMAIRE DU IVe ACTE.

Le trouble d’Œdipe s’est accru. Ses scrupules sur le meurtre de Laïus ont pris de si profondes racines en son cœur, que Jocaste, pour l’en délivrer, devient pieuse d’impie qu’elle a paru. En proie à des frayeurs mortelles, elle va consulter les Dieux : caractère admirable, varié selon les circonstances et décelant une connaissance profonde du cœur humain ! Jocaste croit qu’il faut faire des sacrifices à Apollon et le supplier d’être favorable à son époux que tourmentent de sombres pensées. Elle rencontre, en allant au temple, un berger de Corinthe qui la rassure ; adieu sa piété. Œdipe interroge cet homme ; il apprend la mort du roi Polybe qu’il croyait être son père. Les vœux des Corinthiens, dit l’étranger, appellent Œdipe au trône. Cette nouvelle, qui semble démentir les oracles, réjouit Œdipe et Jocaste, dissipe leurs soupçon et fait rentrer l’espoir dans leur cœur. Le roi, délivré de la crainte et du péril d’assassiner son père, craignait encore cependant, s’il retournait à Corinthe, de se souiller d’un inceste avec sa mère. L’envoyé, pour bannir ces craintes de l’esprit d’Œdipe, lui apprend que le roi et la reine de Corinthe ne sont point ses parents. Il lui raconte comment il a été trouvé sur le mont Cithéron, les pieds traversés par des liens, et comment il a été reçu des mains d’un berger. Cette révélation découvre à Jocaste toute la vérité ; elle supplie Œdipe de cesser ses recherches, et lui dit pour la dernière fois : « Hélas ! hélas ! infortuné ! » Œdipe se croit fils de ce berger, et cette erreur l’empêche de prendre garde au trouble de la reine déjà désabusée. Il se trompe sur les motifs de l’éloignement de son épouse, et pense qu’elle aurait à rougir de sa basse naissance à lui. Le chœur attend impatiemment le berger Phorbas auquel il fait recourir et qui seul peut tout expliquer. Sans doute celui-ci dira qu’Œdipe naquit de quelque nymphe, qu’il est du sang des Dieux, etc. Œdipe, suivant toujours son caractère de curiosité, est avide de connaître le mystère de sa naissance. Malgré l’opposition de Jocaste, il fait venir le berger Phorbas, qui seul pouvait lui apprendre le fait dans toute sa vérité. Cet ancien domestique arrive, pour faire une des scènes les plus terribles qu’il y ait sur aucun théâtre. Son refus seul dévoile tout le secret qu’il lui faut arracher. Toutes les illusions agréables d’Œdipe sont détruites par la confrontation des deux bergers. Phorbas expose toutes les circonstances de l’événement avec tant de clarté, qu’Œdipe se reconnaît enfin le fils et le meurtrier de Laïus et voit dans Jocaste et sa mère et sa femme. Œdipe ne peut plus concevoir le moindre doute sur toute l’horreur de la destinée dont il avait été menacé ; il ne reste plus qu’à faire voir sa punition au Ve acte. Quelle intrigue et quel dénoûment ! Quelle complication de l’un et de l’autre ! Quelle chaîne d’événements qui se bouleversent les uns les autres, comme les flots, mais sans se confondre !