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Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/12

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d’espérer que l’étude de ces brillants modèles laissera dans les âmes des impressions calmes, vivifiantes et pleines de fraîcheur, dont la bienfaisante influence tournera au profit de la moralité humaine. En même temps, ce commerce plus intime avec les productions de l’antiquité peut avoir une autre utilité, que j’appellerai historique. Elle nous aidera à mieux comprendre le passé. L’histoire n’est pas tout entière dans les historiens, tant s’en faut ! Les ouvrages des poètes sont aussi des monuments, que l’on peut consulter avec fruit sur l’esprit des peuples qu’ils ont charmés, sur leurs mœurs, sur leur état social, leurs idées morales et religieuses. C’est en les interrogeant qu’on entrera plus avant dans les secrets de la vie intérieure, et qu’on surprendra une foule de détails, que révèlent rarement les pages du simple annaliste. À ce titre, les tragédies d’Eschyle, de Sophocle, d’Euripide, et les comédies d’Aristophane sont le complément nécessaire d’Hérodote et de Thucydide. Cette étude, faite avec intelligence, détruira bien des idées fausses sur les siècles qui nous ont précédés. Ce serait comme le préambule obligé de la science nouvelle qui, sous le nom de philosophie de l’histoire, aspire à caractériser chaque âge du monde par les traits qui lui sont propres, et à distinguer, dans le développement de l’esprit humain, les lois générales