Qu’un jour les habitants de ce pays te rechercheront mort ou vivant, dans l’intérêt de leur salut.
Eh ! qui pourra tenir son bonheur d’un homme tel que moi ?
Ils disent qu’en toi réside leur puissance.
Lorsque je ne suis plus, est-ce donc alors que je suis un homme[1] ?
Aujourd’hui les dieux te relèvent, après t’ avoir abaissé.
Que sert de relever un vieillard, dont la jeunesse a été flétrie ?
Sache pourtant que Créon va venir à toi, attiré par cet oracle, et il ne tardera pas longtemps.
Que prétend-il faire, ma fille ? dis-le-moi.
Te fixer sur les confins du territoire thébain, afin de te posséder, sans que tu puisses en franchir la frontière.
Quel bien attendent-ils de moi, gisant ainsi à leurs portes ?
Ta tombe, privée d’honneurs, sur une terre étrangère, leur serait funeste.
Même sans l’oracle des dieux, la chose était facile à comprendre.
- ↑ C’est-à dire, « que j’ai de la puissance. » Aristophane a employé ὰνὴρ dans ce sens-la ; notamment Chevaliers, v. 178, 392, 1255. De même Euripide, dans les Hèraclides, v. 998.