Aller au contenu

Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lors de leur expédition contre Samos. On trouvera les détails relatifs à ce fait dans notre notice sur l’Antigone.

Le procès qu’il soutint dans sa vieillesse contre son fils Iophon est trop fameux pour être passé sous silence. Le vague avec lequel les auteurs anciens en parlent a fait naître sur ce sujet des versions différentes. Voici comment le biographe grec raconte le fait : Sophocle avait plusieurs fils, entre autres Iophon, de sa femme Nicostrate, et Ariston, d’une femme de Sicyone, nommée Théoris. Cet Ariston eut un fils appelé Sophocle, du nom de son aïeul, et pour lequel notre poète montrait une prédilection particulière. Iophon accusa son père d’avoir perdu l’usage de la raison, et le cita devant les phratores (comme nous dirions aujourd’hui devant le juge de paix de son quartier). Les juges donnèrent tort à Iophon. On prétend que le vieillard se défendit par ce raisonnement : « Si je suis Sophocle, je ne radote pas ; si je radote, je ne suis pas Sophocle. » Et ensuite il récita des passages de son Œdipe à Colone, notamment le beau Chœur qui contient l’éloge de son bourg natal.

La mort de Sophocle arriva, sous l’archontat de Callias, dans la troisième année de la quatre-vingt-treizième Olympiade, l’an 406 avant notre ère, peu de temps après la mort d’Euripide, et un peu avant la prise d’Athènes par Lysandre. Il était âgé de quatre-vingt-neuf ans, si l’on adopte, comme nous l’avons fait, la date indiquée par le biographe pour sa naissance. Cette mort est racontée de plusieurs manières : selon les uns, il mourut de joie en apprenant le succès d’une de ses pièces ; selon d’autres, il expira à la fin d’une lecture de son Antigone, pendant laquelle il avait fait effort pour soutenir sa voix. Ce dernier fait est évidemment supposé. Une