Aller au contenu

Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/415

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

siègent, tous ceux qui n’ont pas craint de proscrire la plaie de mon pied ! Mais, chers hôtes, je ne vous demande qu’une seule grâce.

LE CHŒUR.

Quelle est cette demande que tu vas nous faire ?

PHILOCTÈTE.

Apportez-moi une épée, si vous en avez, ou une hache, une arme quelle qu’elle soit.

LE CHŒUR.

Et que prétends-tu donc en faire ?

PHILOCTÈTE.

Me couper de mes propres mains la tête et tous mes membres ; mon esprit est avide de meurtres, il en est avide. Mon mal me tue, il me tue.

LE CHŒUR.

Pourquoi donc ?

PHILOCTÈTE.

J’irai trouver mon père.

LE CHŒUR.

En quel lieu de la terre ?

PHILOCTÈTE.

Aux enfers, car il ne voit plus le jour. O ville natale ! ô ma patrie ! que ne puis-je te revoir, moi, malheureux, qui abandonnai tes fontaines sacrées[1], pour aller au secours des Grecs perfides ! et je ne suis plus rien !

(Il rentre dans sa grotte.)
LE CHŒUR.

Je serais déjà parti depuis longtemps pour rejoindre mon vaisseau[2], si je ne voyais tout près Ulysse et le fils d’Achille s’avancer vers nous.



ULYSSE.

Ne me diras-tu point quel motif te fait retourner si promptement sur tes pas, avec tant de hâte ?

  1. Le Sperchios. Voyez plus haut, vers 326.
  2. Il ajoute σοι, « pour te complaire. »