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Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/452

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LICHAS.

Il est vrai ; mais pourquoi le demandes-tu ?

LE MESSAGER.

Cette captive que tu feins de ne pas connaître[1] , n’as-tu

pas dit que c’était Iole, fille d’Eurytos ?

LICHAS.

Devant qui ? quel témoin viendra attester ici l’avoir entendu de ma bouche ?

LE MESSAGER.

Un grand nombre de citoyens ; au milieu de la place publique, une foule de Trachiniens a entendu tes paroles.

LICHAS.

Oui, j’ai dit l’avoir entendu raconter ; mais autre chose est rapporter un bruit, ou en avoir vérifié la certitude.

LE MESSAGER.

Un bruit ? N’as-tu pas déclaré, avec serment, que tu amenais l’épouse d’Hercule ?

LICHAS.

Son épouse ? moi ? Au nom des dieux, ma chère maîtresse, dis-moi quel est cet étranger ?

LE MESSAGER.

Un homme qui était présent, quand tu as dit que la ruine d’Œchalie avait eu pour cause une vive passion, et non la Lydienne[2], mais l’amour inspiré par Iole.

LICHAS.

O reine, ordonne que cet homme se retire, car perdre ses paroles avec un homme en délire n’est pas d’un homme sage.

DÉJANIRE.

Au nom de Jupiter, qui lance la foudre sur les bois qui couronnent la cime de l’Œta, ne me dérobe pas la vérité ; car tu n’as point affaire à une femme cruelle, ou

  1. C’est-à-dire, dont tu prétends ne pas connaître la naissance. — Voyez au commencement de la scène, v. 401.
  2. Omphale, et le désir de se venger de son esclavage.