Aller au contenu

Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/460

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où les Grecs célèbrent les assemblées des Thermopyles[1],

(Antistrophe 1 .) La flûte aux sons mélodieux va bientôt vous faire entendre ses accents retentissants, qui n’ont rien de discordant, mais qui, accompagnée des chants sacrés, égale la douceur de la lyre. Car le fils de Jupiter et d’Alcmène revient dans son palais, chargé de dépouilles conquises par son courage :

(Strophe 2.) Tandis qu’il errait sur les mers, loin de sa patrie, nous sommes restées douze mois entiers à l’attendre, sans rien savoir de lui. Hélas ! sa triste épouse, le cœur accablé de douleur, se consumait sans relâche dans les larmes ! Mais enfin Mars[2], en terminant la guerre d’Œchalie, l’a délivrée des peines qui affligeaient ses jours.

(Antistrophe 2.) Qu’il revienne, qu’il revienne ; que son vaisseau, poussé par mille rames, ne s’arrête qu’après avoir atteint notre port, et qu’abandonnant cette île[3] où il sacrifie, il arrive, appelé par nos vœux[4], le cœur changé par ce charme séducteur, selon la promesse du centaure !

  1. Chaque mot de cette strophe contient un détail caractéristique pour la topographie des contrées voisines de Trachine. Ainsi on y voit figurer le mont Œta, le golfe Maliaque, l’Artémisium, détroit formé par la côte de la Thessalie et l’île d’Eubée, sur laquelle s’élevait le temple de Diane ; enfin les Thermopyles, où se trouvaient des sources d’eaux chaudes, et où se tenaient les assemblées des Amphictyons (Hérodote, VII, 200). — Ici le poète a étendu jusqu’aux Thermopyles et au pays de Trachine la circonscription de l’Artémisium, que les géographes ont beaucoup plus restreinte. — Qu’on nous permette, pour tout commentaire, une courte citation d’Hérodote (l. VII, 176) : « Les Thermopyles touchent, du côté du couchant à une montagne absolument impraticable, remplie de précipices, et qui se rattache à l’Œta. Du côté de l’orient, le chemin est borné par la mer et par des marais. Dans l’intérieur du défilé, on trouve des bains d’eaux chaudes, que les naturels du pays appellent les Chytres (chaudières ou baignoires), et l’on voit près de ces bains un autel consacré à Hercule. »
  2. Οἱστρηθεἱς, furieux. — Dindorf et Ahrens donnent στρωθεὶς, qui signifie au contraire apaisé, calmé.
  3. L’Eubée.
  4. Πανἰμερος, au lieu de πανάμερος.