Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/219

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il est aujourd’hui l’un des hommes de confiance de la direction du travail et, en 1902, il se donna beaucoup de mal pour assurer l’élection de Millerand. Dans la circonscription où se présentait le ministre socialiste, se trouve une très grande gare, et sans l’appui de Guérard, Millerand serait probablement resté sur le carreau. Dans le Socialiste du 14 septembre 1902, un guesdiste dénonçait cette conduite qui lui semblait doublement scandaleuse : parce que le congrès des travailleurs des chemins de fer avait décidé que le syndicat ne ferait pas de politique et parce qu’un ancien député guesdiste se portait contre Millerand. L’auteur de l’article redoutait que « les groupes corporatifs ne fassent fausse route et n’en arrivent, sous prétexte d’utiliser la politique, à devenir les instruments d’une politique ». Il voyait parfaitement juste ; dans les marchés conclus entre les représentants des syndicats et les politiciens, le plus clair profit sera toujours pour ceux-ci.

Plus d’une fois, les politiciens sont intervenus dans des grèves, dans le désir de ruiner le prestige de leurs adversaires et de capter la confiance des travailleurs. Les grèves du bassin de Longwy, en 1905, eurent pour point de départ des efforts tentés par une fédération républi-

    gares, détacha des cordons de sentinelles le long des voies ; personne ne bougea. » (Histoire de l'affaire Dreyfus, tome IV, pp. 310-311). — Aujourd'hui, le syndicat Guérard est tellement bon que le gouvernement lui a accordé la faveur d'émettre une grande loterie. Le 14 mai 1907, Clemenceau le citait à la Chambre comme une réunion de « gens raisonnables et sages » opposés aux agissements de la Confédération du Travail.