Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/92

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de déterminé dans le protectionnisme ; les droits de douane sont fixés de manière à satisfaire les désirs de personnalités très influentes qui veulent accroître leurs revenus ; la politique sociale procède de la même manière. Le gouvernement protectionniste prétend avoir des lumières lui permettant de mesurer ce qu’il convient d’accorder à chaque groupe, de défendre les producteurs sans léser les consommateurs ; de même la politique sociale annonce qu’elle prendra en considération les intérêts des patrons et ceux des ouvriers.

Peu de gens, en dehors des facultés de droit, sont assez naïfs pour croire que l’état puisse remplir un tel programme : en fait, les parlementaires se décident de manière à satisfaire partiellement les intérêts les plus influents dans les élections, sans soulever de trop vives protestations des gens sacrifiés. Il n’y a pas d’autre règle que l’intérêt vrai ou présumé des électeurs : tous les jours la commission des douanes remanie ses tarifs et elle déclare qu’elle ne cessera de les remanier tant qu’elle ne sera point parvenue à assurer des prix qu’elle considère comme rémunérateurs, aux gens pour lesquels elle a entrepris d’être une providence : elle a l’œil ouvert sur les opérations des importateurs ; toute baisse de prix éveille son attention et provoque des recherches destinées à

    très heureux de cette situation, parce qu’ils y voient, avec raison, une difficulté pour la propagande socialiste. Embêter les socialistes, même au prix du progrès économique et du salut de la culture de l’avenir, voilà le grand but que se proposent les grands idéalistes de la bourgeoisie philanthropique.