Ce n’est pas une victoire facile : leur action étant violente, la réaction est dure ; au Parnasse répond le plus réussi des pamphlets littéraires, « le Parnassiculet Contemporain, recueil de vers nouveaux, orné d’une très étrange eau-forte » chez l’éditeur J. Lemer. Les deux principaux auteurs sont Alphonse Daudet et Paul Arène[1].
On a eu l’idée bizarre de compter Daudet parmi les Parnassiens[2]. Sans doute, il a composé sa Nature impassible[3]. Sans doute, il a collaboré à la Revue fantaisiste : il y a publié une « moralité », Les huit pendues de Barbe-Bleue, et Les Chansons d’un Fou :
J’aime un type d’Italienne
Mi-catholique, mi-païenne,
Qui se livre à vous saintement,
Qu’un blasphème met en colère,
Et qui, — sans peur de lui déplaire, —
Ne quitte pas son scapulaire
Pour coucher avec son amant[4]…
Mais on ne voit pas la moindre affinité entre les Parnassiens et lui[5]. Qu’est-ce que ces républicains auraient bien pu confier au secrétaire du duc de Momy ? Laquelle de leurs idées aurait-il pu approuver ? Il ne cachait pas son antipathie contre la théorie de l’art pour l’art : « ce qui n’a point ses racines dans la nature est
- ↑ Sur les noms des collaborateurs du Parnassiculet, et sur la paternité de ces parodies anonymes, nous avons maintenant des précisions, au lieu des attributions un peu vagues de jadis : M. Franc-Nohain a publié dans Les Nouvelles littéraires du 17 novembre 1928 une note manuscrite de Paul Arène, trouvée dans les papiers de Léopold Dauphin, et donnant les renseignements suivants : les membres de la « Colonie de Clamart », Daudet, du Boys, Arène, unissent, contre le Parnasse, leurs efforts à ceux de quelques amis : Delveau trouve le titre, et se charge de faire imprimer le livre ; Delor grave l’eau-forte, la Muse au Chat ; Daudet écrit Le Martyre de saint Labre et des Madrigaux ; lean du Boys compose L’Automate et Panthéisme ; Renard, bibliothécaire de la Marine, donne Mélancolie ; Paul Arène est le plus actif et le plus ingénieux des collaborateurs : il écrit la Séance Littéraire, Gaël-Imar et Bellérophon ; cf. Calmettes, p. 257 ; Hubert Dumez, Les Nouvelles littéraires du 20 octobre 1928 ; Gaston Picard, supplément littéraire du Figaro du Ier décembre 1928 ; Gustave Rivet, ibid., no du 22 décembre ; Paul Vinson, ibid., n° du 5 janvier 1929.
- ↑ Mme Adam, Mes Sentiments, p. 105 et 117.
- ↑ Les Amoureuses, p. 73-76.
- ↑ Numéros du 15 mars et du Ier juin 1861.
- ↑ Calmettes, p. 163.