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HISTOIRE DU PARNASSE

CHAPITRE X
La réaction contre le Parnasse

Ce n’est pas une victoire facile : leur action étant violente, la réaction est dure ; au Parnasse répond le plus réussi des pamphlets littéraires, « le Parnassiculet Contemporain, recueil de vers nouveaux, orné d’une très étrange eau-forte » chez l’éditeur J. Lemer. Les deux principaux auteurs sont Alphonse Daudet et Paul Arène[1].

On a eu l’idée bizarre de compter Daudet parmi les Parnassiens[2]. Sans doute, il a composé sa Nature impassible[3]. Sans doute, il a collaboré à la Revue fantaisiste : il y a publié une « moralité », Les huit pendues de Barbe-Bleue, et Les Chansons d’un Fou :


J’aime un type d’Italienne
Mi-catholique, mi-païenne,
Qui se livre à vous saintement,
Qu’un blasphème met en colère,
Et qui, — sans peur de lui déplaire, —
Ne quitte pas son scapulaire
Pour coucher avec son amant[4]


Mais on ne voit pas la moindre affinité entre les Parnassiens et lui[5]. Qu’est-ce que ces républicains auraient bien pu confier au secrétaire du duc de Momy ? Laquelle de leurs idées aurait-il pu approuver ? Il ne cachait pas son antipathie contre la théorie de l’art pour l’art : « ce qui n’a point ses racines dans la nature est

  1. Sur les noms des collaborateurs du Parnassiculet, et sur la paternité de ces parodies anonymes, nous avons maintenant des précisions, au lieu des attributions un peu vagues de jadis : M. Franc-Nohain a publié dans Les Nouvelles littéraires du 17 novembre 1928 une note manuscrite de Paul Arène, trouvée dans les papiers de Léopold Dauphin, et donnant les renseignements suivants : les membres de la « Colonie de Clamart », Daudet, du Boys, Arène, unissent, contre le Parnasse, leurs efforts à ceux de quelques amis : Delveau trouve le titre, et se charge de faire imprimer le livre ; Delor grave l’eau-forte, la Muse au Chat ; Daudet écrit Le Martyre de saint Labre et des Madrigaux ; lean du Boys compose L’Automate et Panthéisme ; Renard, bibliothécaire de la Marine, donne Mélancolie ; Paul Arène est le plus actif et le plus ingénieux des collaborateurs : il écrit la Séance Littéraire, Gaël-Imar et Bellérophon ; cf. Calmettes, p. 257 ; Hubert Dumez, Les Nouvelles littéraires du 20 octobre 1928 ; Gaston Picard, supplément littéraire du Figaro du Ier décembre 1928 ; Gustave Rivet, ibid., no  du 22 décembre ; Paul Vinson, ibid., n° du 5 janvier 1929.
  2. Mme Adam, Mes Sentiments, p. 105 et 117.
  3. Les Amoureuses, p. 73-76.
  4. Numéros du 15 mars et du Ier juin 1861.
  5. Calmettes, p. 163.