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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/263

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sophie kovalewsky.

n’ayez pu voir comme je patinais bien vers la fin. À chaque nouveau progrès j’ai pensé à vous. Maintenant je patine à reculons très bien, mais encore mieux et avec plus de sûreté en avant. Toutes mes connaissances s’étonnent ici de la facilité avec laquelle j’ai appris cet art difficile. Pour me consoler de la disparition de la glace je me suis mise à monter à cheval avec rage, en société de Mme Edgren et de deux autres dames. Maintenant que nous allons avoir quelques semaines de liberté pour Pâques, je veux au moins monter une heure par jour ; cela m’amuse aussi beaucoup ; je ne sais même ce que je préfère, si c’est de monter à cheval, ou de patiner. Là ne s’arrêtent pas mes frivolités : nous aurons le 13 avril une grande fête populaire, quelque chose de très suédois, une sorte de bazar. Nous serons cent dames, costumées de diverses manières, et nous vendrons toutes espèces de choses au profit d’un musée ethnographique populaire. Naturellement je serai une bohémienne, affreuse à voir, et je me suis adjoint cinq jeunes femmes qui partageront mon sort. Nous formerons un « Tabor », nous aurons une tente, un samovar russe, et nous servirons du thé avec de jeunes bohémiens pour nous aider. Qu’allez-vous dire, cher monsieur Hansemann, de ma frivolité ? Ce soir j’ai une grande réunion dans mon petit appartement, ce sera la première depuis mon arrivée à Stockholm. »


Au printemps de cette année, le bruit courut que Sophie serait nommée professeur de mécanique, par