Aller au contenu

Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XI

DÉSILLUSIONS ET TRISTESSES


Il avait été question pour nous de passer l’été ensemble. La nouvelle raison sociale littéraire, Corvin-Leffler, devait voyager à Berlin et à Paris pour faire de nombreuses relations théâtrales et littéraires qui, notre chef-d’œuvre terminé, devaient servir à le lancer triomphalement dans le monde. Mais toutes ces illusions tombèrent les unes après les autres.

Notre voyage était déjà fixé pour le milieu de mai, nous étions follement heureuses d’entrevoir un monde nouveau, plein d’intérêt pour nous, lorsqu’encore une fois de mauvaises nouvelles de Russie déjouèrent tous nos plans. La sœur de Sophie se trouvait de nouveau en danger, et son mari devait précipitamment la quitter pour retourner à Paris. Sophie fut donc obligée de recommencer un triste voyage pour rejoindre sa sœur, et de renoncer à toute pensée de plaisir et de distraction. Toutes ses lettres de cet