Aller au contenu

Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
308
sophie kovalewsky.

et « les Sœurs Rajevsky[1] » de Sophie — parurent en même temps. C’était comme un renouveau des jours passés.

Sophie eut d’abord l’intention de publier ses Souvenirs sous la forme de fragments autobiographiques — ce qu’elle fit ensuite en russe, — mais nous l’en détournâmes dès la lecture du premier chapitre en suédois, pensant que dans notre petit monde il pourrait paraître étrange qu’un écrivain, si jeune encore, se prît ainsi à raconter au public les détails intimes de sa vie de famille. Plusieurs chapitres étaient déjà traduits, et le tout écrit en russe, quand nous proposâmes de changer « moi » en Tania. Il n’y avait pas d’autres observations à faire, car du reste nous étions dans l’admiration de la voir débuter en artiste consommée.

Pendant que nos deux livres s’imprimaient, nous commençâmes ensemble un nouveau travail. Sophie, à son dernier voyage en Russie, avait trouvé parmi les papiers de sa sœur le manuscrit d’un drame écrit par celle-ci, plusieurs années auparavant ; il avait alors éveillé l’admiration de quelques critiques littéraires de haute valeur en Russie. Mais ce drame n’était pas achevé pour la scène. Il contenait des parties très remarquables, des caractères admirablement dessinés, avec une grande profondeur de sentiment mélancolique, mais la couleur locale russe en était si prononcée, que lorsque Sophie m’en fit lec-

  1. Les « Souvenirs d’enfance » parurent en suédois sous le titre des « Sœurs Rajevsky ».