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Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/123

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PIERRE, montrant d’un geste de tête Gertrude,

Eh ! Quand cela serait !… Ah ! Vous n’êtes pas seul,
Maître !

CORNEILLE, se redressant, brutal,

Maître ! Aurait-on chez moi d’autre avis que le mien ?
Nous pensons tous de même ici, sachez-le bien !
Oui, tous ! Et s’il nous faut mourir dans la misère
Et le chagrin, devant notre canal désert,
Soit ! Nous aimons encor mieux subir ces épreuves
Que de voir, grâce à nous, Anvers, devant son fleuve,
Prospérer, et remplir de l’éclat de son front,
La nuit définitive où nous nous éteindrons !

(À Gertrude)

N’est-ce pas ?

Gertrude, immobile, sous l’œil impérieux de Corneille, répond affirmativement d’un signe de tête. Corneille fait quelques pas, puis reprend sur un ton railleur.

N’est-ce pas ? Et d’ailleurs, quoi ?… Nous serions perdus
Parce qu’Anvers nous fait défaut ? C’est entendu !
Ce qu’on perd d’un côté de l’autre on le rattrape ;
Gardez donc votre argent, nous garderons l’étape,
Et chercherons ailleurs à qui nous adresser,
Pour trouver un secours plus désintéressé !

(Pierre veut reprendre, mais Corneille l’arrête d’un geste)

Non ! Il est superflu d’insister davantage,