Aller au contenu

Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Or là, fat vu ceci : Figure-toi la passe
Entre Mude et Kadzant, la mer à peu près basse,
Pas une voile, pas une barque, pas une !
Et sur le sable nu d’une immense lagune,
Que le reflux avait lentement découverte,
Le silence et la mort d’une plage déserte !

GERTRUDE

Mon Dieu !

CORNEILLE

Mon Dieu ! Le cœur étreint d’angoisse — et de surprise —
Je cherchais, en suivant la ligne des balises,
Le passage où le havre dessine sa courbe,
Quand, parmi les îlots et les bas-fonds de tourbe,
Figure-toi, que tout à coup, j’ai distingué
Qu’une troupe d’enfants, le traversant à gué,
Jouait sans redouter la profondeur des eaux,
Là même où sont passés jadis tous nos vaisseaux !

GERTRUDE

Mon Dieu !

CORNEILLE

Mon Dieu ! Oui, le voilà le port que je défends :
La mer n’y monte plus aux genoux d’un enfant !
Elle est partie !… Et nous, nous qui dépendions d’elle,
Nous n’avons même pas su la garder fidèle !