Aller au contenu

Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Combien j’ai dédaigné ses premières menaces !
Mais les flèches bientôt m’atteignirent en masse
J’ai lutté ! Pour rouvrir aux vaisseaux leur chemin,
Sans compter, j’ai donné mon or à pleines mains ;
J’ai caché mon angoisse et, niant le danger,
Pour rendre confiance aux courtiers étrangers,
Réveiller les comptoirs, ranimer les affaires,
J’ai fait pendant quinze ans tout ce que j’ai pu faire !
Et chaque jour pourtant j’ai connu la torture
De sentir que j’étais moins fort que la nature
Et que je m’obstinais contre elle, sans raison,
Et j’ai vu s’écrouler peu à peu ma maison !

Abîmé, le front dans ses mains, il retombe sur sa chaise.
GERTRUDE le regarde un instant, hésitante,
puis lui posant la main sur l’épaule,

Maître, ne vous désespèrez pas…

CORNEILLE, toujours assis,

Maître, ne vous désespèrez pas… Ah ! Faut-il
Que je sente que le courage est inutile
Et l’effort superflu devant de tels obstacles,
Pour te donner ainsi ma faiblesse en spectacle !

GERTRUDE

Maître…