Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/145

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Très courageux, trés ferme, et pourtant reconnaître
Qu’on lutte en vain…

CORNEILLE, de nouveau brutal, et redressé,

Qu’on lutte en vain… Non !… Non !… Qui parle ainsi ? Les femmes !
Est-ce que mon salut n’est pas celui de Damme,
Ma ville, que j’ai vue heureuse, grande et libre ?

(Avec une passion sauvage)

Nous nous aimons ! Elle me tient par chaque fibre
De mon cœur ! Nous avons connu des jours prospères
Ensemble ! À l’âge où l’on grandit, où l’on espère,
Nous nous sommes compris tous les deux ; nous nous sommes
Aidés ; nous avons fait, d’une ville et d’un homme,
Une force vivante, unique, inséparable !
Elle apportait la mer aux voiles innombrables,
Le havre sûr, les flots profonds, les vents rapides ;
Moi j’ai donné ma volonté ferme et lucide,
Lui vouant à ce point ma peine journalière
Qu’enfin toute mon âme a passé dans ses pierres !
Aujourd’hui ses murailles tombent, mes mains tremblent,
La mer en s’en allant nous a trahis ensemble,
Mais un même trépas du moins sera le nôtre,
Car nous mourrons chacun contre le cœur de l’autre !…

(Après un silence)

Ah oui, refaire ailleurs ma fortune et mon nom,