Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/151

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Gertrude l’emmène près du fauteuil qui se trouve devant la table et lorsque Pierre s’y est assis, s’étant débarrassé de sa grande houppelande, elle se place presque à ses pieds sur un petit escabeau. Tous leurs mouvements sont précautionneux et lents. Gertrude dit à voix basse :

Gertrude… Assieds-toi là, pour que je me repose
Près de toi… Donne-moi tes mains… J’ai tant de choses
À te dire ! Et voici que je ne me souviens
D’aucune cependant, et je ne sais plus rien,
Plus rien, que ce délicieux apaisement
D’oublier tout ce qui me tourmente, un moment…

PIERRE, inquiet,

Qu’y a-t-il ?

GERTRUDE

Qu’y a-t-il ? Oh rien, rien… sinon qu’il a fallu
Mentir, mentir encor… Mais, va, n’y pensons plus.
Mon cœur est trop rempli de sa joie usurpée
Pour se plaindre un instant du tourment qui la paie,
Et mes chagrins du jour sont presque du bonheur
Lorsque je m’en souviens la nuit, contre ton cœur !

PIERRE, secouant la tête,

Nous devons en finir !

GERTRUDE

Nous devons en finir ! Comment ?