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Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/31

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Et sans bouger !

CORNEILLE, qui s’est levé,

Et sans bouger ! C’est vrai ! Et je n’en ai pas honte,
Mon ami ; car le soir, quand je dresse mes comptes
Sur ces livres épais que ma chandelle éclaire,
Mon esprit va plus loin que toutes tes galères !

JOORIS, incrédule,

Comment ?

CORNEILLE, qui marche maintenant tout en parlant,

Comment ? Là, dans mon coin, chaque soir, ma pensée
A suivi leur voyage ou les a devancées !
Je sais leur chargement du pont jusqu’à la cale ;
Je sais dans quels pays, après quelles escales,
À l’abri de quel port, voiles enfin carguées,
Elles reposeront leurs courses fatiguées !
Je vois, le long des quais où tu les descendras,
Nos tapis, nos velours, nos cuirs dorés, nos draps,
Tous ces biens, dont le monde nous est tributaire,
Qui s’en iront, plus loin encore, au cœur des terres !
Et c’est ma volonté maîtresse qui commande
Cette dispersion de richesses flamandes !

JOORIS

Tudieu !