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Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/104

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Hommes, femmes, enfants, de bonnes gens nomades,
Qui reposaient un peu leur longue promenade
Par le monde, et bientôt reprendraient leur chemin !
Ils m’ont parlé, surpris ; ils me serraient les mains ;
Et moi, les leur serrant aussi, sans embarras,
Je pleurais de m’entendre appeler « signora »,
Car rien que dans ces trois syllabes si jolies,
Mon âme retrouvait toute son Italie !

KAATJE (touchée)

Pauvre Pomona !

POMONA (brusquement)

Pauvre Pomona !Non ! je ne suis pas à plaindre ;
Car Jean verra bientôt que l’on ne peut pas peindre
Ici…

KAATJE

Ici… Comment ?

POMONA

Ici… Comment ? Il ne peint pas, il badigeonne !
Mais il sent qu’il lui manque l’exemple que donnent
Nos peintres ! C’est cela qui le rend si nerveux !
Ensuite il comprendra que mon bonheur le veut,
Qu’il me faut ma lumière et ma terre romaines,
Et nous nous en irons d’ici quelques semaines !