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Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/111

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Et d’en avoir rompu la paix accoutumée ;
Ils m’en veulent surtout d’être ta bien-aimée !
Sans doute, pas un mot n’a trahi ce qu’ils pensent ;
Mais je lis dans leurs yeux, j’écoute leur silence,
Et je sais bien, malgré des phrases qui t’abusent,
Que je reste pour eux l’étrangère et l’intruse !

JEAN

Mais tu rêves ! Vraiment ton esprit vagabonde…

POMONA

Que veux-tu ! Nous venons chacun d’un bout du monde
Pour essayer d’unir des vœux si différents !
Tout en moi leur déplaît, tout en eux me surprend !
Quoi que je fasse, où que je sois, je les dérange !
Ils m’observent comme on observe un être étrange
Qui parle, qui s’assied, qui chante, qui circule,
Mais dont tout, jusqu’au nom, leur paraît ridicule !

JEAN

Mais, encore une fois, ce n’est pas vrai !

POMONA

Mais, encore une fois, ce n’est pas vrai ! Toi-même,
Ils te reprennent peu à peu !

JEAN

Ils te reprennent peu à peu ! Moi ! Mais je t’aime
Par-dessus tout !