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Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/143

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— Que ce soit de l’audace ou de l’inconscience —
Il vous plut d’abuser de notre confiance !
Et, vraiment, je t’engage à bénir le destin
Qui voulut, ce soir-là, son départ clandestin,
Sans attendre que j’eusse appris ce que je sais,
Car quelques jours encore, et vous étiez chassés !
Aussi, ma volonté formelle et péremptoire,
C’est qu’on ne dise plus un mot de cette histoire !
Et quand je parle ainsi je me sens ridicule
Autant d’être trop bon que d’être si crédule !…
Il ne s’agit donc plus de te plaindre ! Il s’agit
De nous montrer un homme énergique, assagi,
Et prêt à mériter par sa droite vaillance,
Le pardon — que nous lui avons donné d’avance.
Eh bien ?

JEAN (très ému)

Eh bien ? Vous êtes bon… Je voudrais, en luttant,
Vous en remercier, mais…

LE PÈRE

Vous en remercier, mais… Quoi ?

JEAN

Vous en remercier, mais… Quoi ? Je souffre tant !

LE PÈRE

Eh ! c’est ton châtiment, si ce n’est pas ta honte !
Mais souffre comme un homme au moins, et rends-toi compte