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Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/39

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JEAN

Ou bien tu penseras un peu à nous. Sans doute.

Avec un élan de tendresse.

Ah ! bien sûr que je vais y penser !

LA MÈRE (l’embrassant)

Ah ! bien sûr que je vais y penser !Petit Jean !
Tu seras loin de nous ce soir ! Chez quelles gens !
Dans quelle auberge ?

JEAN (gravement)

Dans quelle auberge ?Ah ! sois tranquille ! Je te montre
À présent ton gamin ; mais ce soir je rencontre
A Dordrecht, mon ami Cornélis qui m’attend,
Et je t’affirme qu’à partir de cet instant,
Nul homme, sur aucun des chemins de la terre,
N’aura jamais marché d’un pas plus volontaire !
Je suis sage, crois-moi. Et si mon cœur est ivre
De ce départ, tu sais pourtant que je veux vivre
Là-bas comme un garçon sérieux et vaillant,
Et vous aimer tous trois, bien fort, en travaillant.
A-t-on déjà sellé le cheval ?

LA MÈRE

A-t-on déjà sellé le cheval ?Je vais voir.

Elle prend le sac dont les courroies sont bouclées et sort par la porte de gauche. Jean reste auprès de Kaatje ; il la regarde, joyeux.