Aller au contenu

Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

JEAN (debout près de la table, se décide à parler, très ému)

Je vous ai dit, mon père, que vous sauriez tout
Et vous décider est de notre sort après…

À la mère et à Kaatje qui se dirigent vers la porte.

Oh ! restez !… Elle et moi n’avons plus de secrets !

Avec hésitation.

À Rome, j’habitais dans la même maison
Que ses parents… Ainsi nous fîmes liaison
Eux et moi… L’on finit, lorsque l’on est voisins
Par se parler… Je traversais leur magasin
Chaque jour… On se rend aussi quelques services…
Puis, j’étais seul !… Souvent, sans que je l’écrivisse,
Ma solitude me fut lourde ! Ah ! l’Italie
Unit à ses beautés bien des mélancolies,
Et déchire parfois d’un accent trop sonore
La sensibilité de nos âmes du Nord !
Mes lettres ne disaient que mes jours de gaîté !
Que de fois cependant n’ai-je pas regretté
Sous le ciel qu’un azur éternel égalise,
Le charme nuancé des saisons indécises
Et, las de ces cités superbes et fameuses,
Un moulin de Hollande à côté de la Meuse !…
Alors, pour écarter ces regrets affligeants,
Il m’était bon d’aller m’asseoir, parmi ces gens
Qui mettaient dans mon cœur la caresse amicale
De leur parole affectueuse et musicale…

Montrant Pomona.