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Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/83

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LA MÈRE (pleurant)

Mon Jean !

JEAN

Mon Jean !Que voulez-vous ! Tout cela fait qu’on s’aime
Plus encor ! Chaque attention, dirait-on, sème
Dans chaque cœur un peu d’amour, et cet amour
Prend racine, grandit et réunit un jour
Ces cœurs, quelque lointaines que soient les racines,
Comme les feuilles et les fleurs de deux glycines…

LE PÈRE (rudement)

Mais pourquoi ton silence ?

JEAN

Mais pourquoi ton silence ?Ah ! vous avez raison
Mon père ; mais voici : Quand vint ma guérison,
Ce fut en même temps le moment du départ.
Je devais quitter Rome en septembre, au plus tard,
Et revenir sans elle eût été impossible !
Du reste notre amour, par sa force invincible,
Nous avait fait alors si tendrement amis
Que, sans nous dire un mot, nous nous étions promis !…
Et c’est ici, qu’hélàs ! mon erreur commença !
Vous écrire ! Comment vous expliquer tout ça ?…
Votre réponse eût mis un mois à m’apporter
Peut-être le refus que j’aurais redouté,