Aller au contenu

Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

JEAN (conciliant)

Kaatje est parfaite ! Et puis nous nous indisposons
À rêvasser ainsi ; crois-moi…

LA MÈRE

À rêvasser ainsi ; crois-moi…Jean a raison
Ma fille. Ici nous travaillons ; et c’est pourquoi
Le ciel peut être gris, le temps peut être froid,
La bise peut souffler au trou des cheminées,
Nous nous sentons de bonne humeur toute l’année.

Riant.

Ne travaille-t-on pas chez vous ? Car je suppose
Qu’on mange aussi parfois ?

POMONA

Qu’on mange aussi parfois ?On mange peu de chose
Madame. Il fait si beau, si joyeux, si vermeil,
Que l’on se nourrirait d’un rayon de soleil !

LA MÈRE

Voilà qui est charmant ! Mais, chez nous, la nature
Nous donne le désir d’une autre nourriture
Hélas ! — et ce n’est pas en bayant aux corneilles
Qu’on remplace le pain qu’on a mangé la veille !

JEAN

À Rome, tu n’étais pas si rêveuse ! Il faut
Te secouer ! Tu n’as plus mis le pied là-haut
Dans l’atelier, depuis huit jours !