Aller au contenu

Page:Spenlé - Novalis.djvu/443

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
LES COURANTS D’OPINION

énergique, quelque chose que nous appellerions du nom de passivité et qui s’étend à toute sa pensée et jusqu’à son caractère. Il y a dans cette physionomie une expression de suavité, de pureté, de transparence qui fait songer à une femme ; mais il lui manque à tous les degrés l’emphase, la décision, la robustesse d’un caractère viril » (op. cit. p. 53).

L’ouvrage plus récent de M. Boyesen (Essays on german Litterature, London, 1892) apporte en Angleterre une nouvelle étude sur « Novalis et la Fleur bleue », qui ne marque pas un sensible progrès sur l’Essai de Carlyle. L’auteur ne partage pas l’enthousiasme de ce dernier pour la philosophie de Novalis. Les hommes pratiques et raisonnables de l’Angleterre, dit-il, ne prendront jamais au sérieux de si abstruses et incompréhensibles rêveries. « Il est vraiment regrettable — lisons-nous — qu’un homme en qui jaillissaient des sources si abondantes de poésie lyrique, ait gaspillé sa vie en des recherches stériles sur la « pluralité interne » ou les rapports des mathématiques avec la vie émotionnelle » (op. cit. p. 317). Un des premiers aussi l’auteur signale le problème pathologique dans les Hymnes à la Nuit : malheureusement toutes ces assertions ne sont motivées en aucune manière et l’ouvrage laisse l’impression d’un travail de vulgarisation facile, approprié au goût et aux préjugés d’un public un peu borné.

En France Novalis a d’abord été présenté au public par Mme de Staël (De l’Allemagne, IVe partie, chap. IX, De la, contemplation de la Nature). L’illustre écrivain, qui consacre une page enthousiaste au Sternbald de Tieck, ne mentionne même pas Henri d’Ofterdingen. Elle ne voit en Novalis que le poète religieux et surtout le contemplateur religieux de la Nature et elle donne, à cette occasion, la traduction d’une page entière du Disciple à Saïs sur les rapports de l’homme avec la nature. — En 1835 un jeune écrivain, Lerminier, affilia à la secte saint-simonienne, rendait compte d’un voyage d’études en pays allemand. La spéculation romantique alle-