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Page:Spenlé - Novalis.djvu/452

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

pris ce problème et, avec beaucoup de perspicacité, a émis le premier une hypothèse, que des études plus récentes ont en partie justifiée depuis. « Il ressort de certains indices tout intimes que les Hymnes à la Nuit ne peuvent avoir été conçus après l’été 1797, alors même qu’ils auraient subi un remaniement postérieur. Ce remaniement on croit le deviner dans le style même, où se retrouve comme un reflet de la langue de Schleiermacher ; de même la dernière poésie ressemble à un hors-d’œuvre, qui appartiendrait déjà à l’époque des Hymnes spirituelles… Quelle que soit du reste la date précise de leur composition, ces poésies ne pouvaient être écrites que dans le recueillement douloureux de la première période de deuil : elles en apportent l’image sincère. Elles ont quelque chose de plus effrayant que la plus funèbre des histoires » (Preussische Jahrbücher, op. cit. p. 608). M. Haym arrive à peu près à la même conclusion. Quelle que soit la date de la rédaction définitive, « il est incontestable que ces chants plongent profondément dans les émotions de l’été 1797. Ils reproduisent presque textuellement les motifs du Journal du poète » (Die romantische Schule, op. cit. p. 337). — La biographie anonyme faite par un membre de la famille Hardenberg (et que nous désignerons dans la suite toujours sous la simple rubrique de « Nachlese ») fait également remonter la composition des Hymnes à la Nuit à une période assez voisine des évènements de 1797. L’auteur du reste a besoin de cette hypothèse pour établir la sincérité religieuse des cantiques chrétiens. « Pourquoi le lecteur éprouve-t-il en lisant les Hymnes à la Nuit un saisissemait si étrange ? C’est que ces chants sont le document poétique de la conversion religieuse du poète… La vie nouvelle d’un chrétien régénéré pousse ses premiers bourgeons dans les H. à la N. » (Friedr. von Hardenberg, — Eine Nachlese, etc. Gotha, 1883. p. 153). — Dans son commentaire des H. à la N., M. Roman Wœrner ne précise aucune date ; il constate simplement que les deux derniers hymnes se rapprochent par le fond et par la