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Page:Spenlé - Novalis.djvu/481

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LES PROBLÈMES

Seule cette œuvre répond « à l’idéal que le romantisme aurait réaliser » (ibid. p. 47). Les Hymnes à la Nuit ne sont qu’une œuvre confuse, incohérente, obscure, commencée dans un moment d’exaltation maladive et dont le poète s’est imposé l’achèvement comme une sorte de « pensum » littéraire. Les Fragments philosophiques se réduisent à quelques boutades (ein paar Einfælle). Ils appartiennent « à une période de son développement qu’il avait dépassée, lorsqu’il composa les Hymnes spirituelles ». (ibid. p. 49). Du reste une grande partie de ces fragments sont « grotesques » (Komisch). Tieck a eu tout-à-fait raison de s’opposer à la publication de l’« Europa » (ibid. p. 67) ; de tels écrits ne peuvent qu’induire les lecteurs en erreur et embarrasser la critique. Même parmi les Hymnes spirituelles il en est au moins une — l’Hymne de l’Eucharisiie qui ne répond pas au « programme » du poète. « Non seulement elle occupe, au point de vue poétique, le dernier rang (?), ce qui ne prouverait encore rien, — mais de plus elle contredit à chaque ligne le programme que Novalis (??) s’est tracé. Tout ce qui caractérise les Hymnes spirituelles manque ici. Au lieu de la clarté et de la simplicité, voici l’obscurité, l’inintelligibilité ; au lieu de la piété profonde et de la confiance joyeuse, voici l’exaltation délirante et le mysticisme ; au lieu d’une forme pure et sévère, voici l’anarchie complète » (ibid. p. 59), et M. Busse, perplexe, conclut : « On ne sait malgré tout ce qu’il faut faire de cette poésie » (ibid. p. 60).

Ainsi la critique protestante a cru pouvoir, en prenant texte des Hymnes à Jésus, décerner à Novalis un brevet d’orthodoxie. « Celui. — écrit M. Pfleiderer — qui a doté l’Église protestante de ces Hymnes, qui comptent parmi les plus précieuses de la poésie religieuse de tous les temps, celui-là assurément était, en dépit de son romantisme, un bon chrétien évangélique » (Geschichte der Religionsphilosophie, etc., op. cit. p. 267). Cependant si de cette profession de foi, déjà singulièrement écourtée, on retranche d’a-