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Page:Spyri - Encore Heidi, 1882.pdf/118

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à cligner des yeux à Heidi jusqu’à ce qu’elle arrivât au chalet devant lequel le grand-père l’attendait en contemplant aussi le ciel, car il y avait longtemps qu’il n’avait pas brillé d’un si bel éclat.

Non seulement les nuits, mais aussi les journées de ce mois de Mai étaient exceptionnellement pures et lumineuses ; le grand-père s’émerveillait parfois de voir chaque matin le soleil se lever dans tout son éclat comme il s’était couché la veille et monter jour après jour dans un ciel sans nuages.

— C’est une année de soleil, disait-il, une année à part ; la sève des plantes sera particulièrement énergique. Prends garde, général, que tes sauteuses ne deviennent pas trop ingouvernables à force de bonne nourriture,

Pierre faisait alors claquer son fouet d’un air de bravade, et on lisait distinctement sur sa figure cette muette réponse : « Je saurai assez en venir à bout ! »

Ainsi s’écoula le verdoyant mois de Mai ; Juin vint à son tour avec ses longues et radieuses journées pendant lesquelles le soleil toujours plus chaud faisait sortir de terre toutes les fleurs ; elles s’épanouissaient à l’envi sur l’alpe entière, remplissant l’air de leur