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Page:Spyri - Encore Heidi, 1882.pdf/155

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jour dans le ciel sans nuage, les petites fleurs ouvraient tout grands leurs calices à sa lumière, et chaque soir l’astre radieux, après avoir jeté sur les pics et les champs de neige l’éclat de la pourpre et toutes les nuances du rose, se plongeait à l’horizon dans une mer d’or et de flamme. C’était un sujet dont Heidi ne pouvait se lasser de parler à Clara, car c’était bien autre chose encore, là-haut au pâturage ! Elle lui décrivait surtout avec feu sa place favorite sur le penchant de l’alpage, où les petites fleurs d’or et les campanules étaient en si grande quantité, que l’herbe en paraissait toute bleue et jaune, puis les orchis bruns qui sentent si bon qu’on s’assied à côté sans pouvoir s’en aller.

Un jour, comme elle venait d’entretenir Clara des fleurs de l’alpage et du coucher du soleil sur les montagnes, un tel désir d’y retourner s’éveilla en elle, qu’elle s’élança de sa place sous les sapins et se dirigea en courant vers le hangar où le grand-père travaillait à son établi.

— Oh ! grand-père ! s’écria-t-elle du plus loin qu’elle put se faire entendre, veux-tu venir demain avec nous au pâturage ? C’est si beau maintenant là-haut !