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Page:Spyri - Encore Heidi, 1882.pdf/210

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— Et puis, tu t’es trompé dans tes calculs d’une autre manière encore, continua la grand’maman. Vois comme le mal que tu as fait s’est changé en bien pour celle à qui tu voulais nuire ! C’est parce que Clara n’avait plus de fauteuil et voulait cependant voir les belles fleurs, qu’elle a fait l’effort nécessaire pour marcher, qu’elle y est parvenue et qu’elle va mieux de jour en jour ; et si elle reste ici, elle pourra finir par monter chaque jour au pâturage, donc bien plus souvent qu’elle n’aurait pu le faire dans son fauteuil. Vois-tu comme tu t’es trompé, Pierre ? C’est ainsi que le bon Dieu peut prendre en main la mauvaise action de l’un et la changer en bien pour l’autre à qui elle devait nuire ; et alors le méchant seul en porte toute la peine. As-tu bien compris tout cela, Pierre ? Eh bien, penses-y maintenant ; et chaque fois que tu auras la tentation de faire quelque chose de mal, songe à la petite sentinelle que tu as là dans le cœur avec son aiguillon pointu et sa voix désagréable. Veux-tu faire cela et ne pas l’oublier ?

— Oui, je veux, répondit Pierre toujours fort abattu, car il ne savait pas encore comment tout cela